« Souvent on est leur seule visite de la journée. »
« Parfois on soigne des petits oiseaux sur la branche, et souvent on est leur seule visite de la journée. » Dimanche matin, nous étions avec Dominique, infirmière libérale à Roanne.
Nous l’avons accompagnée lors de sa tournée de patients pour mieux comprendre les enjeux de ce métier. Cela fait 26 ans que Dominique est infirmière libérale. Dimanche, elle a soigné 35 patients de 6h à 12h et 16h à 19h30.
Tous lui ont ouvert avec le sourire. Et pour cause, Dominique ne fait pas que son métier, elle prend soin de ses patients. A une mamie âgée, elle dit d’une voix forte : « il fait trop chaud dans votre chambre. Il faut ouvrir vos fenêtres. Vous allez vous déshydrater ! ». A une autre : « Vous n’avez pas autre chose que ce pull ? Faut vous changer ! ». Les mamies nous ont même dit « qu’elles se faisaient gronder quand elles ne portaient pas leur bracelet anti chutes » et que Dominique le voyait.
Malgré sa gentillesse, Dominique nous a aussi parlé en vérité de son métier. Souvent dévalorisé et mal rémunéré. « On a 2,54€ par déplacement quelque soit la distance. Vu le prix de l’essence, j’ai loué un vélo électrique pour mes tournées du soir car ce n’est plus possible. » Le pire, ce sont les démarches administratives, « après une tournée de 5h, tu sais d’avance que tu as 1h de paperasse en rentrant ».
Parfois, ça la décourage. Souvent ça l’énerve. Et la seule chose qui la fait tenir ce sont ses patients qui à chaque fois qu’ils la voient arriver lui proposent : « je vous offre quelque chose ? ». Dominique n’a jamais le temps. Mais propose avec sa gentillesse : « je vous accompagne en sortant pour récupérer votre journal dans la boîte aux lettres ? ».
Dominique, comme tant d’infirmières, travaille dans l’ombre de nos vies. Ou plutôt comme dimanche matin, à l’ombre de nos rues.
C’est une profession qui doit être revalorisée pour ne pas perdre sa vocation. Si je suis élu député, je m’engage à voter tout texte qui leur rendra la vie plus facile et à mieux les rémunérer.
